Samuel
Dumas
Formateur et conférencier sur les sujets web3 et intelligence artificielle, Samuel Dumas accompagne de nombreuses entreprises et institutions partout en France dans leur formation et acculturation à ces nouveaux sujets digitaux.
Il a créé le centre de formation Acadee il y a 5 ans et a formé des centaines de personnes. Ses formations certifiées Qualiopi sont un gage de sérieux et de qualité.
Aujourd'hui, il répond à nos 3 questions !


Quel regard portez-vous aujourd'hui sur l'impact du digital dans votre secteur d'activité ?
Samuel Dumas : "Le digital a littéralement révolutionné le domaine de la formation, et je peux vous dire que c'est une transformation que j'observe au quotidien depuis des années maintenant. C'est fascinant de voir à quel point les choses ont évolué, que ce soit pour nous, les organismes de formation, ou pour les apprenants eux-mêmes.
Déjà, rien que sur la partie administrative, on a gagné un temps fou ! Prenez l'inscription des participants par exemple : avant, c'était un vrai parcours du combattant avec des dossiers papier à remplir, à envoyer par courrier, des relances téléphoniques... Aujourd'hui, tout se fait en mode 'zéro papier' via des formulaires en ligne. Les participants peuvent s'inscrire quand ils veulent, où ils veulent, et nous on récupère toutes les informations de façon structurée dans nos systèmes.
L'envoi des convocations, c'est pareil : fini les courriers recommandés ! On programme tout à l'avance par email, avec des rappels automatiques. Les participants reçoivent leurs informations au bon moment, et nous on peut se concentrer sur l'essentiel : le contenu de la formation.
Même l'émargement s'est digitalisé ! Plus besoin de faire circuler des feuilles de présence qu'on risque de perdre ou d'oublier. Tout se fait en ligne, c'est tracé, archivé automatiquement. Pour les audits et le suivi administratif, c'est un gain de temps considérable.
Mais là où la révolution est vraiment spectaculaire, c'est dans les modalités de formation elles-mêmes. La formation à distance était déjà possible avant, mais elle a vraiment explosé avec l'amélioration des outils de visio-conférence comme Zoom ou Teams. Ce qui était perçu comme une solution de secours est devenu une modalité à part entière, avec ses propres avantages.
Et puis on a développé tout un arsenal d'outils interactifs pour l'animation à distance : Miro, Mural, Klaxoon... Ces plateformes permettent de recréer l'interactivité qu'on peut avoir en présentiel, voire même de faire mieux ! On peut faire collaborer des participants qui sont aux quatre coins de la France ou du monde, créer des ateliers créatifs, des brainstormings... Les possibilités sont infinies.
Ce qui m'enthousiasme le plus actuellement, c'est l'arrivée de l'intelligence artificielle dans notre secteur. Ça ouvre des perspectives extraordinaires ! Par exemple, pour la génération de plans de formation, l'IA nous fait gagner un temps précieux. Avant, concevoir un programme complet pouvait prendre des jours, voire des semaines selon la complexité. Maintenant, on peut générer une première trame en quelques minutes, puis l'affiner selon nos besoins spécifiques.
Et le plus intéressant, c'est que ces outils permettent de répondre aux critères très précis des organismes certificateurs. Quand on sait à quel point il est important de pouvoir justifier et valider la montée en compétence des apprenants, avoir des outils qui nous aident à structurer et documenter le parcours de formation, c'est vraiment un plus énorme.
Franchement, je dirais qu'on vit une époque passionnante dans le domaine de la formation. Les outils évoluent si vite qu'il faut constamment se former soi-même pour rester à la pointe, mais c'est exactement ce qui rend ce métier si stimulant !"
Quels sont, selon vous, les enjeux numériques que rencontrent le plus souvent vos clients / partenaires, et quel conseil pourriez vous leur donner ?
Samuel Dumas : "Alors, chez ACADEE, on a aussi une autre activité qui est celle d'agence conseil IA & Automation, et ça nous donne une vision assez large des problématiques que rencontrent les organisations aujourd'hui. Et si je devais identifier l'enjeu numéro un, ce serait clairement la structuration des données.
Ce qu'on observe constamment, c'est que les entreprises et les administrations ont énormément de mal à structurer leurs données de façon rationnelle et centralisée. C'est un vrai fléau ! On accumule des téraoctets d'informations, mais on n'arrive pas à les exploiter efficacement parce qu'elles sont dispersées, mal organisées, redondantes...
Nous travaillons pour plusieurs ministères, et là, c'est vraiment frappant de voir à quel point les données ont été stockées en silos au fil des années. Chaque service, chaque direction a développé ses propres systèmes, ses propres bases de données, sans vraiment se préoccuper de l'interopérabilité. Et maintenant, on demande beaucoup plus de transversalité et de non-redondance de l'information. C'est logique, mais techniquement, c'est un casse-tête !
Je vais vous donner un exemple très concret qui illustre bien le problème : le simple compte utilisateur. Chaque ministère a ses propres bases utilisateurs, ça c'est déjà complexe. Mais en plus, à l'intérieur d'un même ministère, chaque service a tendance à recréer ses propres bases utilisateurs ! Résultat, un même fonctionnaire peut se retrouver enregistré dans 10, 15 bases différentes...
Imaginez maintenant ce qui se passe quand cette personne change d'adresse. Comment bien enregistrer ce changement simple quand vous êtes dispersé dans 15 bases différentes ? Soit vous le faites manuellement partout - et c'est l'enfer administratif assuré -, soit certaines bases ne sont pas mises à jour et vous vous retrouvez avec des informations obsolètes ou contradictoires.
L'enjeu, c'est donc l'uniformisation des données, la création de référentiels communs, de standards partagés. Les API et le SSO - le single sign-on - sont effectivement un début de réponse intéressant. Avec ces outils, on commence à pouvoir faire dialoguer les systèmes entre eux, à centraliser l'authentification, à éviter cette multiplication des comptes...
Mais il faut aller plus loin. L'ANSSI a une formule que j'aime beaucoup et qui résume bien l'enjeu : ils disent que 'le système d'information d'une entreprise est ce que le cerveau est à l'homme, mémoire et intelligence'. C'est très juste comme analogie !
Et quand je regarde où on en est aujourd'hui, je pense qu'on est assez bons pour la partie mémoire - on sait stocker des données, on a des serveurs puissants, du cloud, des capacités de stockage quasi illimitées. Mais on a d'énormes progrès à faire pour la partie 'intelligence', c'est-à-dire savoir comment extraire la substantifique moelle de cet amas de données.
C'est là que l'IA devient passionnante ! Elle nous donne enfin les outils pour analyser, croiser, comprendre ces masses d'informations. Mais pour que ça marche, il faut d'abord avoir des données propres, structurées, fiables. C'est tout l'enjeu de la gouvernance des données, et c'est souvent le préalable indispensable à toute démarche d'intelligence artificielle réussie."
A titre personnel, quel outil, réflexe ou approche digitale avez-vous adopté et que vous recommanderiez à d'autres professionnels ?
Samuel Dumas : "Alors, là je vais peut-être vous surprendre, mais je le répète tous les jours dans mes conférences et formations : l'abonnement à ChatGPT, ce sont les 20 euros les mieux investis de ma société ! Je sais que ça peut paraître marketing comme phrase, mais c'est vraiment du vécu.
Au début, quand j'ai commencé à l'utiliser, on pouvait effectivement le voir comme un outil qui boostait la productivité - d'ailleurs l'institut Gartner l'avait très justement positionné comme ça dans ses premières analyses. Mais aujourd'hui, et c'est fascinant à observer, il a vraiment muté vers un rôle de compagnon numérique.
Concrètement, il m'aide au quotidien sur plein de tâches : 'Aide-moi à répondre à cet email compliqué', 'Aide-moi à écrire un post pour LinkedIn qui soit engageant', 'Résume-moi ce PDF de 50 pages'... C'est devenu un réflexe naturel, presque comme si j'avais un assistant personnel disponible 24h/24.
Mais ce qui m'épate le plus, c'est son utilisation en mode conversationnel. Dans mes longs trajets en voiture par exemple - et j'en fais beaucoup pour mes formations -, je mets mon téléphone en Bluetooth et je discute avec lui en vocal. C'est bluffant !
Tantôt je lui demande de jouer le rôle d'un journaliste qui me pose des questions compliquées avant une interview importante. Ça me permet de préparer mes argumentaires, d'anticiper les questions piège, de travailler ma façon de formuler des concepts complexes de manière accessible.
Tantôt c'est un prof d'anglais qui m'aide à améliorer ma prononciation ou à préparer une présentation dans une langue étrangère. Tantôt c'est un avocat d'affaires qui me conseille sur telle ou telle opération, qui m'explique les implications juridiques d'un contrat...
Cette capacité à endosser différents rôles d'expert selon mes besoins du moment, c'est vraiment révolutionnaire. C'est comme avoir accès à une équipe de consultants spécialisés en permanence !
Attention cependant - et c'est important que je le précise -, il faut toujours prendre du recul et ne jamais prendre ses réponses pour argent comptant. L'IA peut se tromper, halluciner comme on dit dans le jargon, ou manquer de nuances sur certains sujets complexes. Il faut garder son esprit critique, recouper les informations importantes, surtout sur des sujets sensibles.
Mais même avec cette réserve, ça aide vraiment beaucoup ! C'est un accélérateur de réflexion, un générateur d'idées, un sparring partner intellectual disponible à tout moment. Pour quelqu'un comme moi qui jongle entre formation, conseil et veille technologique, c'est devenu indispensable.
Et le plus beau dans tout ça, c'est que ça ne remplace pas l'expertise humaine, ça l'augmente. Ça me libère du temps sur les tâches répétitives ou de recherche pour me concentrer sur ce qui compte vraiment : la stratégie, la créativité, l'accompagnement humain de mes clients."